Le bilan carbone et le droit de la concurrence sont deux thématiques qui semblent a priori éloignées l’une de l’autre. Pourtant, elles se rejoignent lorsqu’il s’agit d’envisager les enjeux pour les entreprises et les consommateurs dans un contexte où la lutte contre le changement climatique occupe une place centrale. Cet article se propose d’explorer ces enjeux sous différents angles, afin d’éclairer les défis auxquels sont confrontés les acteurs économiques dans un monde en pleine mutation.
Comprendre le bilan carbone et son importance pour les entreprises
Le bilan carbone est un outil de diagnostic permettant d’évaluer la somme des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par une entreprise ou une organisation. Il prend en compte l’ensemble des activités de cette dernière, aussi bien directes qu’indirectes (production, transport, consommation d’énergie, etc.). L’objectif principal du bilan carbone est d’identifier les sources principales d’émissions de GES pour pouvoir ensuite mettre en place des actions visant à réduire ces émissions.
Pour les entreprises, réaliser un bilan carbone présente plusieurs avantages. Tout d’abord, il permet de répondre aux obligations légales qui leur sont imposées dans certains pays. En France par exemple, depuis 2010, les entreprises de plus de 500 salariés sont tenues de réaliser un bilan carbone tous les trois ans. Ensuite, le bilan carbone est une démarche qui peut s’inscrire dans une politique de responsabilité sociale et environnementale (RSE), permettant à l’entreprise de communiquer sur ses engagements en faveur du développement durable.
Le droit de la concurrence face aux enjeux climatiques
Le droit de la concurrence vise à garantir que les entreprises ne faussent pas le jeu concurrentiel par des pratiques anticoncurrentielles (ententes, abus de position dominante, etc.). Dans ce contexte, les enjeux climatiques peuvent venir bousculer certaines règles établies. En effet, pour lutter efficacement contre le changement climatique, il est nécessaire d’encourager la transition vers une économie bas-carbone, ce qui implique parfois des mesures incitatives ou coercitives pouvant affecter la concurrence.
Ainsi, plusieurs questions se posent : comment concilier la nécessaire coopération entre entreprises pour mettre en place des solutions durables avec les principes du droit de la concurrence ? Comment éviter que certaines mesures environnementales ne favorisent injustement certaines entreprises au détriment des autres ? Ces interrogations sont d’autant plus importantes que les consommateurs sont eux-mêmes de plus en plus attentifs aux performances environnementales des produits et services qu’ils achètent.
L’évolution du droit de la concurrence pour intégrer les enjeux liés au bilan carbone
Face à ces enjeux, le droit de la concurrence est amené à évoluer pour prendre en compte les impératifs liés à la lutte contre le changement climatique. Plusieurs pistes sont envisageables :
- L’assouplissement des règles en matière d’ententes : dans certains cas, la coopération entre entreprises peut être bénéfique pour l’environnement, par exemple lorsque plusieurs acteurs d’un même secteur se regroupent pour mutualiser leurs efforts et partager leurs bonnes pratiques. Il serait alors possible d’assouplir les règles interdisant les ententes pour autoriser certaines formes de collaboration ayant un impact positif sur le bilan carbone.
- L’introduction de critères environnementaux dans l’évaluation des concentrations : lorsqu’une entreprise souhaite acquérir une autre entreprise ou fusionner avec elle, les autorités de la concurrence doivent vérifier que cette opération ne porte pas atteinte au jeu concurrentiel. En intégrant des critères environnementaux dans cette évaluation, il serait possible de favoriser les rapprochements entre entreprises ayant des bilans carbone similaires, voire complémentaires.
- La prise en compte des externalités environnementales : lorsque les autorités de la concurrence sanctionnent une entreprise pour abus de position dominante ou entente illicite, elles pourraient également prendre en compte les externalités environnementales générées par ces pratiques anticoncurrentielles. Il s’agirait alors d’inciter les entreprises à tenir compte de leur impact sur le climat dans leur stratégie concurrentielle.
Les consommateurs, acteurs clés de la transition vers une économie bas-carbone
Enfin, les consommateurs ont un rôle essentiel à jouer dans la transition vers une économie bas-carbone. En privilégiant les produits et services ayant un faible impact sur l’environnement, ils encouragent les entreprises à réduire leur bilan carbone et à innover en matière de développement durable. Dans ce contexte, le droit de la concurrence doit veiller à ce que les consommateurs aient accès à une information fiable et transparente sur les performances environnementales des produits qu’ils achètent.
Ainsi, le bilan carbone et le droit de la concurrence sont deux thématiques qui se rejoignent lorsque l’on aborde les enjeux pour les entreprises et les consommateurs dans un monde où la lutte contre le changement climatique est devenue une priorité. Les acteurs économiques sont confrontés à des défis complexes, nécessitant une évolution du cadre juridique pour intégrer pleinement ces enjeux environnementaux.